Le progrès des paiements par carte bancaire ont notamment provoqué la baisse des commandes de pièces de monnaie de l'Etat.

( AFP / THIBAUD MORITZ )
Baisse des commandes de l'Etat, médailles olympiques oxydées, délais de production non respectés ou encore perspectives économiques floues... La Cour des comptes a épinglé jeudi 11 septembre la fragilité du modèle économique de la Monnaie de Paris et des insuffisances dans la production de cet organisme qui assure la frappe des pièces en circulation en France.
Malgré une croissance du chiffre d'affaires depuis 2021, atteignant 194 millions d'euros en 2024, grâce notamment à l'activité générée par les Jeux olympiques de Paris 2024, la situation financière de la Monnaie de Paris "reste fragile", et le modèle économique est "à conforter" , estime l'institution chargée de contrôler l'emploi des fonds publics.
Avec les progrès des paiements par carte bancaire, la commande de l'État s'est réduite de 646 millions de pièces de monnaie en 2019 à 461 millions en 2025 . La Monnaie de Paris peut également assurer la frappe de monnaies étrangères, mais cette activité est "très concurrentielle", rappelle la Cour.
La Cour des comptes "occulte la très forte augmentation du chiffre d'affaires des monnaies courantes étrangères, qui a atteint en 2024 plus de 41 millions d'euros, soit un doublement par rapport au début de la période sous revue", a répondu dans un communiqué de presse la Monnaie de Paris, estimant que sur ce secteur le "chiffre d'affaires devrait dépasser 50 millions d'euros en 2025".
La production de monnaies de collection "est sans doute l'activité la plus prometteuse", selon le rapport. Celles-ci représentent aujourd'hui plus de 40% de l'activité de la Monnaie de Paris, avec un chiffre d'affaires passé de 43,8 millions d'euros en 2017 à 65,9 millions en 2023.
"La Monnaie de Paris voit dans le redressement de la situation financière salué par la juridiction avant tout le résultat d'un changement structurel, résultant de la stratégie mise en oeuvre", considère l'institution, citant "le lancement de collections pérennes (astrologie, naissance) ou associées à des licences fortes (Harry Potter)".
"Problèmes de qualité"
Mais la Monnaie de Paris "devra veiller à répondre aux différents problèmes de qualité de la production rencontrés ces dernières années" . Ainsi, environ 220 médailles olympiques ont été retournées (sur 5.000), notamment en raison de défauts de tenue du vernis et d'oxydation.
Par ailleurs, les calendriers de livraison des différents produits ne sont pas pleinement respectés et "d'autres incidents ont révélé l'insuffisante documentation des procédures internes, ainsi que des problèmes de non-conformité aux règles juridiques", rappelle la Cour. Fin 2023, 27 millions de pièces de centimes d'euros ont dû être détruites pour non-conformité et, en 2024, la Monnaie de Paris a produit une pièce de collection d'une valeur faciale de 7,5 euros, non autorisée par le décret en vigueur.
En conséquence "les processus de décision concernant le lancement de toute nouvelle production devront être formalisés. Ces constats soulignent la nécessité de refonder le contrôle interne et de créer une fonction d'audit interne ", souligne la Cour des comptes.
"S'agissant du contrôle interne et des procédures, les premières mesures de remédiation ont été prises dès l'apparition des difficultés", répond la Monnaie de Paris, évoquant un "plan d'actions" validé en mars 2025.
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